Pulvérisation : mieux avec moins

Bonne nouvelle pour les agriculteurs, la qualité de leur travail dépend des conditions dans lesquelles ils épandent les produits et d’un petit engin dont le coût varie entre 4 et 15 € pièce. C’est la matière grise du cerveau des agriculteurs qui fait la différence si l’agriculteur veut diminuer ses coûts et son impact sur l’environnement. Vers l'Avenir 16/02/2018

Pulvérisation : mieux avec moins

En mars 2018, des agriculteurs se sont cotisés pour faire venir un expert français. Objectif : réduire les doses de produits « phyto ». 

Trente-cinq agriculteurs étaient réunis le 7 février 2018 à Walhain pour écouter Julien Hérault, expert français en machinisme.

Julien Hérault, est formateur agricole indépendant. Sa spécialité : aider les agriculteurs à optimiser l’utilisation de leurs machines (pulvérisation, semis).

Ce genre de métier est plutôt rare. En Belgique les conseils d’épandage de produits phytosanitaires sont le plus souvent fournis par les vendeurs de produits eux-même. Un peu comme si le pharmacien prescrivait lui-même les médicaments et que son salaire dépendait de ses ventes.

L’enjeu est de taille. L’agriculteur n’a qu’une chance par an s’il veut réussir sa culture. Il veut éviter toute maladie et écoute son vendeur de phytos. Mais ces produits lui coûtent chers et tout excès est nuisible à l’environnement. Il a tout intérêt à diminuer les doses, mais comment savoir jusqu’où il peut prendre ce risque ?

Julien Hérault est créatif. A l’aide d’un dispositif à la « The Voice » que chaque agriculteur est invité à installer sur son smartphone en début de réunion, il les met au défi de voter. « Les buses à induction d’air me permettent-elles de réduire la dérive de 75 % ? ». C’est technique et ça vole haut. On parle de la taille des gouttes, de la pression de travail, de la vitesse du vent, de l’hygrométrie, de types de buses, …

Question de buse

Le message principal de la journée : « la qualité d’un traitement ne dépend pas de la machine qui le réalise mais de la buse utilisée et des conditions de traitements » insiste Julien Hérault. Les buses, ce sont les minuscules bouches par lesquelles sortent le produit. Elles ne sont pas liées à la machine et sont achetées séparément.

Bonne nouvelle pour les agriculteurs, la qualité de leur travail dépend des conditions dans lesquelles ils épandent les produits et d’un petit engin dont le coût varie entre 4 et 15 € pièce. Chaque machine en étant équipée d’une quarantaine. C’est donc la matière grise du cerveau des agriculteurs plus que le coût des machines (un pulvérisateur se vend autour des 50.000 €) qui fait la différence si l’agriculteur veut diminuer ses coûts et son impact sur l’environnement.

Grâce au type de buse utilisée, l’agriculteur pourra décider de la taille des gouttes qu’il pulvérise. Au plus elles sont fines au mieux pour l’efficacité du traitement mais attention au risque de dérive hors de la parcelle s’il y a du vent. Car qui dit fin, dit léger, et donc facilement emporté par le vent comme au sortir d’un brumisateur.

Moins de produits à l’hectare

Bref, les agriculteurs souhaitent diminuer leurs quantités de produits épandus. Et c’est possible. Dans le jargon agricole, cela s’appelle « la pulvérisation en bas volume ».

Première étape : gagner en efficacité. Tout en utilisant la même quantité de pesticide, on diminue la quantité d’eau (l’eau sert au transport du produit). On pulvérise de plus faibles volumes qui sont plus concentrés et on augmente le nombre de gouttes (en diminuant leur taille grâce au type de buse utilisée). A cela on ajoute des conditions de pulvérisation optimales (température, hygrométrie et vent). Résultat des courses : on gagne en efficacité.

Une fois que l’on maîtrise son efficacité, on peut tenter de diminuer la quantité de produit utilisée à l’hectare. Ordre de grandeur : 30 %. C’est tout gain pour l’environnement et le porte-feuille de l’agriculteur. Non seulement on a réduit la quantité de produit utilisée mais aussi le temps et le carburant pour aller refaire le plein de produit à la ferme.

« Tout ce que vous nous expliquez, on ne trouve ça sur aucun site internet » dit un agriculteur, « et les constructeurs de machines, c’est le dernier de leurs soucis » ajoute le formateur. La messe est dite...